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Serendipity.

Transdisciplinarité, une contribution suisse à un dialogue mondial.

Frédéric Darbellay, Moira Cockell, Jérôme Billotte et Francis Waldvogel (dir.), A Vision of Transdisciplinarity. Laying Foundations for a World Knowledge Dialogue, 2009.

Image1Ce livre est particulier et innovant sous bien des aspects. On peut mentionner, d’abord, la personnalité des éditeurs, qui ne se situent pas uniquement dans le champ académique stricto sensu mais ont aussi largement contribué à sa structuration ; une prise de position en faveur de la transdisciplinarité ne prend que plus de relief à cet égard. On peut souligner, aussi, le choix de présentations résumées et commentées de communications, laissant l’entier de la présentation, voire même son enregistrement vidéo, à disposition sur le web. Enfin, une fois de plus, on peut noter que la Suisse se situe dans un registre délibérément mondial, publiant en anglais les travaux de la World Knowldge Dialogue Foundation.

Issu de trois jours de dialogues organisés à Montana en septembre 2006 avec une trentaine d’intervenants, dont les parcours scientifiques sont, pour le moins, remarquables [1], ce livre témoigne d’une volonté de repenser la question de la connaissance et de la science en introduisant d’emblée, en introduction, des « règles du jeu » à cet égard.

Cinq chapitres structurent ensuite le livre, témoignant par là même de la diversité des approches, et donc de la nécessaire difficulté de la démarche.

Le premier chapitre est organisé à partir des contributions de Gerald M. Edelman et Jean-Pierre Changeaux, respectivement, et montre une direction de recherche importante à partir des travaux les plus actuels en neurosciences. Le titre du chapitre est assez explicite quant aux enjeux sous-jacents : « Complexity and Neurosciences in Dialogue: Towards a New Theory of the Brain’ ».

Le deuxième chapitre montre que les découvertes scientifiques reposent elles-mêmes la question du sens et de la suite de la démarche. C’est bien sûr ce que l’on retrouve derrière le titre « New Discoveries Defining Complexities », avec, par exemple, une contribution qui compare la facilité relative de la physique face à des questions humaines comme l’autisme, pour reprendre le cas exposé.

Cette complexité implique aussi de réfléchir aux instruments de connaissance et aux difficultés posées au dialogue entre sciences et entre scientifiques : limites de la compréhension, vérités, frontières, dialogues, tels sont quelques facettes analysées dans le troisième chapitre, intitulé « Complexity and Knowledge Dialogue in Discussion ».

Le quatrième chapitre, « Origin and Migrations of Modern Humans: Paleontology, Anthropology, Genetics and Linguistics in Dialogue » met l’accent sur la nécessaire prise en compte du temps et de l’espace, et donc aussi de la mobilité, dans les approches où l’homme est nécessairement au centre.

Enfin, le cinquième chapitre, « Knowledge Dialogue: Academic Institutional Governance, Education and Experiences », montre bien les enjeux que représente la mise en œuvre d’un tel programme. Pour ne prendre qu’un exemple, les difficultés à concilier l’excellence scientifique dans un domaine, attestée par des publications dans les revues professionnelles, avec le risque que représente l’investissement dans des domaines plus lointains, sont fort bien décrites.

Avec ce parcours n’omettant pas les questions institutionnelles, on est bien au cœur de l’interdisciplinarité, et ceci est sans doute un point fort de ce livre. En parallèle, les difficultés à sortir du cadre de référence pour appréhender dans toute leur profondeur les concepts de « l’autre » sont sensibles tout au long des contributions et montrent à la fois l’intérêt et les limites indéniables de la démarche, ainsi que l’ampleur du travail qui se dessine. Dans ce sens, peut être qu’une revue plus exhaustive des autres travaux se déroulant sous la bannière de la transdisciplinarité, par exemple en Suisse sous la houlette des académies [2], aurait pu constituer un apport supplémentaire. Ceci est encore plus vrai si l’on pense que sous le mot transdisciplinarité se cache aussi des définitions multiples, invitation supplémentaire à un dialogue permanent pour la connaissance.

En résumé, si ce livre n’est pas sans complexités, inhérentes même au dialogue entre disciplines et entre chercheurs dont la valeur du point de vue est aussi fonction d’un fort ancrage dans leur monde de référence, et si bien sûr cet ouvrage ne saurait prétendre à l’exhaustivité des approches, il constitue cependant un apport très significatif.

Il est par ailleurs particulièrement frappant pour le sociologue qui rédige cette note de lecture de voir que, si les sciences sociales stricto sensu sont peu représentées au niveau des auteurs et contributeurs, les enjeux soulevés se situent nécessaire au niveau social, aux travers des questions d’institution et de gouvernance. C’est une raison de plus de s’intéresser à ce livre et une invitation supplémentaire au dialogue.

Frédéric Darbellay, Moira Cockell, Jérôme Billotte et Francis Waldvogel (dir.), A Vision of Transdisciplinarity. Laying Foundations for a World Knowledge Dialogue, Lausanne, EPFL Press, 2009.

Abstract

Ce livre est particulier et innovant sous bien des aspects. On peut mentionner, d’abord, la personnalité des éditeurs, qui ne se situent pas uniquement dans le champ académique stricto sensu mais ont aussi largement contribué à sa structuration ; une prise de position en faveur de la transdisciplinarité ne prend que plus de relief à ...

Bibliography

Notes

[1] On peut noter par exemple la présence de deux titulaires du prix Nobel parmi les participants, sans compter les autres reconnaissances scientifiques.

[2] Comme par exemple le réseau td-net.

Authors

Dominique Joye

Politologue, professeur de sociologie à l’Université de Lausanne (Institut interdisciplinaire d’étude des trajectoires biographiques), Dominique Joye est responsable suisse des enquêtes internationales Ess et Issp, spécialiste dans l’étude de la mobilité et des inégalités ainsi qu’en méthodologie pour les sciences sociales. Dernières publications : Michel Bassand, Vincent Kaufmann et Dominique Joye (dir.), Enjeux de la sociologie urbaine, Lausanne, Ppur, 2e éd., 2007 ; Marie-Dominique Perrot, Jean-Noël Dupasquier, Dominique Joye, Jean-Philippe Leresche et Gilbert Rist (dir.), Ordres et désordres de l’esprit gestionnaire, Lausanne, Réalités sociales, 2007.

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