Le point de vue de l’informatique.
L’environnement c’est l’ensemble des choses qui se trouvent aux environs… et en informatique ces choses ce sont les données, les préférences des utilisateurs, les périphériques …
Les variables d’environnement véhiculent simplement de l’information entre plusieurs programmes. Chaque application ou programme peut lire ou modifier la valeur d’une de ces variables, il suffit qu’il connaisse le nom de la variable pour y accéder. Tous les systèmes d’exploitation (les plus répandus sont MacOs, Unix/Linux et Windows) proposent un certain nombre de ces variables qui permettent aux applications d’obtenir des informations sur la configuration du système, par exemple la variable Tmp fournit le chemin du dossier temporaire. La valeur d’une variable d’environnement peut être propre à chaque utilisateur: sous Unix, la variable Home destinée à fournir le chemin d’accès au répertoire personnel de l’utilisateur contiendra la valeur /disqueA/titi pour l’utilisateur titi, et /disqueC/toto pour toto. Pour les deux utilisateurs, un programme utilisant la variable Home fonctionnera de la même manière, quel que soit l’emplacement des fichiers.
Un utilisateur peut définir et utiliser ses propres variables d’environnement. Sous Unix, s’il utilise le bash (une prochaine fois, nous parlerons des interpréteurs de commande, bonne chance!) il peut indiquer l’emplacement des données en ajoutant dans le fichier .bashrc
repertoire_donnees=/partage/donnees_a_traiter
Afin que cette variable soit utilisable par les programmes lancés par l’utilisateur, il faut également exporter cette variable, la rendre publique, en ajoutant export repertoire_donnees
Les programmes et autres processus lancés ensuite hériteront de cette variable, et pourront l’utiliser.
On emploie souvent aussi le terme d’environnement pour tout simplement indiquer le système d’exploitation cernant le malheureux utilisateur. D’où cette phrase parfois entendue : Oh ! le pauvre, il travaille en environnement Windows !
Le point de vue des sciences sociales.
L’environnement, ce qui environne, a une merveilleuse capacité à épouser toutes les échelles. Insaisissable, flexible, spatial et paradoxalement indélimitable, le terme résiste à toute tentative de circonscription. Où s’arrête l’environnement urbain par exemple ?
Tout cela s’accorde mal avec la passion scientifique de définir, classer, prendre possession, cerner avec armes et bagages la réalité évanescente qui brûle les échelles, court-circuite les lieux, les temps, défie nos analyses.
Tout cela s’accorde si bien avec la globalisation qui reconfigure les lieux, les sociétés, les formes de la vie sur terre, redistribue les cartes. De l’environnement intérieur à l’environnement planétaire, le mot porte un continuum, fluide comme le vent, qui reflète remarquablement la volatilité de certains polluants et l’omniprésence des risques environnementaux, dont on ne sait quel cyclone accostera sur quels lieux, quel pop (polluant organique persistant) sur quel récepteur hormonal.
Pourtant, apôtre d’une vision sans frontière, l’environnement en réintroduit une ultime, séparant un objet d’un sujet, un intérieur d’un extérieur, un corps d’un milieu, un individu d’un collectif, avec pour corrélat politique ce sentiment ancré d’impuissance face au spectacle des dégradations écologiques tenues à distance. Le mot fait écran à la compréhension de l’interpénétration, il s’arrête à la limite du sujet, de son corps mais, comme le parfum protecteur chargé de repousser les miasmes, il désigne une fausse extériorité.
L’environnement est perçu, respiré, ingéré, représenté, imaginé, aimé ou haï, etc. Les 120 produits chimiques qui s’écoulent dans nos veines ou la composition océanique qui reflète l’activité biotique expriment la même réalité, celle des vases communicants.
Alors, si l’individu paraît extérieur à l’environnement dont il est l’acteur et le réceptacle, qu’en fait-il ?
L’environnement devient pour les chercheurs non pas seulement une proéminente question sociale et sociétale, mais la nouvelle frontière du politique. Dont la transgression, lente mais effective car portée par une variété de mobilisations, redéfinit le vivre ensemble. Dans cette optique, l’environnement est à la fois un champ de problèmes et un gisement de liberté, l’expression de désirs, volontés, puissances de réappropriation de ce qui est beau dans la vie.
Dessin : © Esteban Rosales.