Comme elle était belle [1], au creux de la nuit, vue d’en haut, la ville. Colorées de mille feux, ses tours croisent autant d’allées aux perspectives enchantées et toutes guident le regard jusqu’au bout des horizons, dans ce qu’il ne voyait plus que comme une ondulante mer urbaine.
Comme il était beau, encore, de l’autre côté de la large vitre, l’homme endormi à côté d’elle. Dans les replis de tous les draps, son corps apaisé s’y lovait jusqu’au point de s’y confondre. Il faisait de cet immense lit l’écrin lunaire d’un vaste châle torsadé. De bas en haut, de la tête aux pieds, épousant les formes du corps, les soulignant ici, les contrariant là, une interminable géométrie de bandes colorées, ruban de Möbius virant aux bleus dans ce creux, au noir dans cet autre pour s’éclaircir, comme par surprise, à la découpe d’un rein enluminé, à l’aplomb d’un rebord finement soyé d’un vert insoupçonné, renouvelait les courbures de cet habitant inattendu, prophète déjà adulé, qu’elle venait d’étreindre, et ce dans un toucher que rien ne distingue des autres, si ce n’est la toute douceur de sa peau finement épilée : how to look perfect ? Tout ébouriffée, il lui devenait alors difficile de s’y retrouver. Ici, des allées identiques, là, des traits à s’y perdre, partout, des couleurs modulées en demi-teintes, au point de parfumer la pâle atmosphère de cette chambre, remplie de l’énergie libérée du dialogue du plan des hommes et des corps d’une ville. Mais que disait-il ? Qui était-il ? Et que disait de lui ce fascinant lacis, vêtement sans couture, qui œuvrait son corps.
Des tatouages, elle en avait déjà vu. Statistiquement, cela devenait du reste de moins en moins étonnant. Effet de génération ? En 2016, 13 % de la population de plus de 18 ans est tatouée. Mais si les 18-24 ans le sont à 24 %, les 25-34 le sont, eux, à 25 %, quand les plus de 65 ans ne le sont qu’à 1 % (Fourquet 2019, p. 58). Donc, des tatoués, elle en avait déjà vu, de la discrète lettre à l’imperceptible dessin. Mais là, il ne s’agit pas de cela, quand une bonne partie du corps est ainsi tracée. Plus jeune, elle s’y était du reste essayée. Mais c’était à moindres frais, utilisant, en douce, les décalcomanies tirées des chewing-gums « Malabar ». Avec le temps, ce qu’elle avait appris lui revenait. Elle savait qu’Ötzi, lointain ancêtre pris dans les glaces alpines depuis sa mort, il y a près de 2600 ans, en était couvert. Elle savait aussi que le monde devait beaucoup à cette tradition polynésienne (Lamy 2013) que James Cook (1982, p. 54-55) observa à Tahiti, en 1769. Ne restait plus qu’à révéler à tous les autres cette technique qui, dans ses grandes lignes, demeure identique : le tattoo est une injection d’encre sous la peau ; elle est à la fois douloureuse et indélébile.
Elle savait encore qu’on en trouvait sur les populations maori, où le « moko » est associé à l’étape d’un parcours spirituel. Et comme elle avait vu la figure tatouée, autour de l’œil gauche, de Mike Tyson, elle avait aussi une idée du style de ces tatouages réalisés à la main, avec des outils eux-mêmes traditionnels. Et puis, elle connaissait le pé’a des îles Samoa, rite d’initiation obligatoire, et le yantra de Thaïlande qui valait talisman. Ça, c’est parce qu’elle avait vu, fin 2015, l’exposition Tatoueurs, Tatoués du musée parisien du quai Branly. Tiens, que des hommes, s’était-elle alors dit… Du coup, et pour avoir lu Claude Lévi-Strauss (1984, p. 206), elle savait que les peintures corporelles que se faisaient les Mbayas servaient de marqueur social, en l’occurrence réservé aux nobles.
Et puis, elle savait maintenant que les tatouages peuvent être identitaires. Quand même ! Elle avait bien entendu Édith Piaf, faisant grincer en 1956 la figure du motard mal lavé dont l’épais cuir empuantait à vive allure ces régions où il semait la terreur. Énoncé déictique – énoncé en « je » écrit dans un texte français suivant l’alphabet romain, selon les catégories de la linguiste Marie-Anne Paveau (2009) –, son tatouage est celui des mauvais garçons, évocation brutale, masculine et hétérosexuelle : « Maman, je t’aime ». Ce qu’elle savait fermement aussi, c’est qu’au Japon, on parle de l’« irezumi », marque subie et rarement montrée, qui indique que celui qui la porte fait partie d’une pègre.
Identitaire, le tatouage peut aussi être punitif. Tel est l’ordre imposé par le Code noir de Colbert. Il assigne les esclaves. Il est celui des prisonniers, celui des camps de la mort, dont le numéro déshumanise le nom et le prénom. Pour les Tziganes, un « Z » précède le nombre. Il est encore celui des prostituées, définitivement propriété de leur mac. Et que dire du tatouage anthropométrique de ces soldats SS inscrivant leur groupe sanguin près de l’aisselle du bras gauche ? C’est, dit-on, pour avoir refusé de se graver ainsi au moment de son entrée dans la SS, en 1938, que le bourreau Mengele put échapper aux filets américains après la guerre [2].
Reste – elle n’en doutait pas non plus – que le tatouage peut aussi être revendicatif, à la manière dont s’inventent et se diffusent les chicanos tattoos, à l’occasion gravés sur le toit des immeubles de Los Angeles. En l’occurrence, le geste et son résultat sont une manière d’affirmer une appartenance à un quartier et à une histoire. Nés aux États-Unis, fils et filles de Mexicains venus dans la ville, leurs marques, souvent noires et grises, jamais colorées, présentent à l’occasion des effets de collage. Ces figures, inventées au début des années 1940, affichent ainsi les « valeurs » censées fonder leur collectif : la famille et la religion essentiellement.
Tout cela, elle l’avait appris. Mais ce qu’elle vivait là dépassait tout ce que sa science en avait retenu. Entièrement tatoué, la subtile érotique de cet homme laissait apparaître autant de lignes qui tantôt disparaissaient, tantôt apparaissaient dans les tissus des vêtements mêlés indissociablement au grain de la peau, dans un dialogue ininterrompu entre le visible et l’invisible, le caché et le montré, le dit et le non-dit. Cet homme, était-il habillé ou nu ? Alors, même au creux de la nuit, ses pensées se bousculaient. Elle imaginait la douleur, ne serait-ce que pour en chercher les raisons : « on a mal et on n’a pas mal », rapporte, d’après enquête, la psychologue clinicienne Catherine Rioult (2006). Elle-même aurait grandement hésité encore. Car, si toutes les parties du corps ne sont pas également sensibles, il en est qui le sont particulièrement : le dos ou la paume de la main, entre autres. Et puis, il y avait autres choses : des déformations du corps, à l’usure des couleurs et aux plis de la peau : elle se disait maintenant que dans dix ans, dans vingt ans, il le regretterait peut-être. Que les techniques d’effacement au laser sont chères et, paraît-il, plus douloureuses que le tatouage lui-même. Du coup, une image lui revenait. Sans compassion, mais portés par l’Histoire, d’autres hommes lui venaient à l’esprit, ceux qui furent emportés par les délires nazis, finalement retranchés dans le secret d’une douche crasseuse, se piquant eux-mêmes avec des aiguilles à coudre bricolées pour verser un peu de lait sur l’encre dermique afin que l’acide lactique dissolve les restes de leur honte. Revenant à un présent plus léger, elle pensait à Ariana Grande [3], obligée d’inventer une faribole pour rattraper l’epic fail, cette erreur d’orthographe gravée dans sa main. Le titre de son dernier tube « Sept bagues » est en effet devenu, en idéogrammes japonais, « barbecue au charbon de bois » ! Là, elle se dit qu’un peu de lecture – le « Riens du tout » du mois de juin 2019 [4] par exemple – ne lui aurait pas fait de mal… Mais elle passa vite. Car elle pensa aussitôt à Emma Watson [5]. Voulant afficher un tatouage militant à l’occasion de la cérémonie des Oscars de 2018, apparut surtout une faute d’orthographe : écrivant « Times up » plutôt que « Time’s up », nom exact du mouvement de défense des femmes contre le harcèlement sexuel, elle devint rapidement l’objet de la risée médiatique… L’affaire eut plus d’effets pour la basse russe Evgueny Nikitin. Pressenti, en 2012, pour interpréter le Vaisseau fantôme de Richard Wagner à Bayreuth, il dut annuler sa participation lorsque fut découverte la croix gammée qu’il s’était fait tatouer sur le thorax [6]. Tout cover up, autrement dit tout recouvrement de la chose [7] qui permette d’intégrer le tatouage préexistant à une autre figure, semblait un peu difficile. Il n’eut donc pas la chance de Fred Flarsky, héros interprété par Seth Rogen dans Long Shot (Séduis-moi si tu peux, dans son titre français), film de Jonathan Levine sorti en 2019. Et là, elle qui avait tant aimé Nikitin, en 2003, dans le rôle du Démon, opéra confidentiel d’Anton Rubinstein, trouvait à la fois drôle qu’il fût ainsi rattrapé par son passé de chanteur dans un groupe d’heavy metal et pathétique que ce fût par la référence au Troisième Reich.
Dépassant ces cas, elle se disait encore que, de peau en peau, le tatouage pourrait bien être devenu non seulement un « bijou cutané », tel que le nomme l’anthropologue David Le Breton (2016), mais encore « un art plastique à part entière », pour reprendre l’analyse de l’historien Pascal Ory (2015, p. 150). C’est que, au tournant des années 1980, le geste sort de ses retranchements particularistes. Cela a tout de même pris près un siècle, à partir de l’invention du « dermographe », la machine à tatouer, mise au point en 1891. Il se diffuse donc au point que les tatoués en font eux-mêmes la réclame. Et ainsi, aurait-t-elle envie de dire, le tatouage s’embourgeoise : s’esthétise au point de devenir une culture populaire, ou popularisée, plutôt, suivant ainsi les plus riches qui s’en emparent. Très largement urbaine, elle s’institutionnalise en lettres de noblesse. Désormais, elle a ses salons : du premier, tenu à Houston en 1976, à l’annuel Mondial du Tatouage de Paris, installé dans la Grande Halle de la Villette. Elle a ses concours : le genré Ink Girl France, par exemple. Elle a ses égéries, parfois ses légendes, comme le québécois Rick Genest, alias Zombie Boy, qui s’était fait tatouer une tête de mort sur le visage et un motif de cadavre sur le reste du corps. C’était avant de mourir pour de vrai. Elle a ses artistes, héros graphiques de l’ornement des corps : ici, Kostek, non pas le village russe, hein, mais l’artiste belge venu des beaux-arts et de la sérigraphie puis passé au tatouage ; là, la star française des tatoueurs, Tin-Tin, etc. Elle a ses véhicules, comme autant de promoteurs, passeurs de mondes et faiseurs de modes. Ils sont sportifs célèbres et célébrés, David Beckham par exemple ; ils sont des artistes médiatisés, Rihanna, Justin Bieber et, bien sûr, Johnny Hallyday (sujet d’un autre « Riens du tout »… [8]). Et puis elle a ses médiateurs, très diffusés par Internet et ses réseaux, auxquel la vague actuelle semble bien associée, notamment à travers Instagram. Comme d’autres, elle suivait donc les émissions de la Britannique, authentique habitante du Monde, Grace Neutral [9]. C’est avec elle qu’elle avait appris que l’on pouvait aussi se faire tatouer la sclère, et ce au prix de douleurs intenses et de risques qui ne le sont pas moins. La sclère ? Le blanc de l’œil. Alors, partout où l’animatrice la conduisait, elle la suivait, assidument.
Et c’est avec elle qu’elle comprit. Même s’il est encore mal vu dans certaines sociétés, comme en Corée du Sud où il faut être médecin – théoriquement – pour avoir le droit de tatouer, le tatouage, en s’artialisant, s’est mondialisé. Un art, plusieurs styles, donc. Aux traditions s’ajoutent des touches plus contemporaines. Le style est américain : dans ses motifs à fleurs, des roses surtout, ou des lettres. Les couleurs sont uniformes : du rouge, des bleu-vert, le tout enrobé dans des lignes assez grosses. Plus récent, très géométrique, inspiré par les mandalas ou rosaces, voilà le style dit ornemental : créer du neuf sur fond ancien (Le Breton 2016), n’est-ce pas cela l’invention de la tradition et, avec elle, la mise en œuvre du régime courant de modernisation contemporain ?
Ainsi, et peu à peu, elle recollait les morceaux. Comme « inscription et institution durable d’un signe », telle que Jacques Derrida (1967, p. 65) la définit, le tatouage est bien une écriture. Une écriture avec cette singularité qui, tout en l’en distinguant, la rapproche de toutes les autres : elle prend le corps pour page. Qu’il s’agisse de lettres, de figures ou de tout autre dessin, comme il y a une géographie – avec pour page la Terre –, comme il y a une cartographie – avec la feuille plane pour page –, il y a une corpographie (Paveau 2009). Alors, bien sûr, le signe n’est pas que le signe quand le choix de l’endroit n’est pas neutre. Il participe, aussi, à orienter la signification de ce qui est graphé.
Une autre dynamique de sens est le dialogue qui, de marques en marques, s’instaure entre toutes ces figures. E, L, O, V ? A, E, H, T ? Cela ne fait que deux fois quatre lettres. Mais, inscrites sur chaque doigt du Robert Mitchum de La nuit du chasseur, elles prennent une tout autre signification : LOVE et HATE. Réciproquement, c’est aussi les parties du corps qui se ré-aménagent. Chaque marque en transforme la disposition, éclairant ici, atténuant là, reliant ce qui ne l’était pas spontanément. Se faire tatouer, c’est ainsi faire de son corps un lieu. Un lieu avec ses hauts et ses bas, ses pleins et ses déliés, ses contours et ses détours, mais aussi avec ses liens, forts ou faibles, patiemment tissés entre ces nœuds. Les tatouages informent la peau. Ils transforment les corps, selon une logique et un projet propres. Ils sont ceux de chacun et chacune qui, au prix de quelques douleurs sacrificielles qui seraient autant de gages de vérité, prennent le risque de « localiser » – au sens fort du terme, de mettre en lieu – les termes mêmes de leurs biographies, symbolisées ici de manière explicite, là en termes codés, mais partout avec le même horizon : (déc)ouvrir les voies de leur propre « roman familial » (Freud 2017). Pour autant, l’enjeu n’est pas que mémoriel. Par le ou les tatouages, chacun et chacune exprime, dans l’invention de son propre corps, le manifeste de sa propre existence. Tous s’y retrouvent. Tous s’y mirent, ou s’y mireront. Tous s’y réfléchissent aussi, volontairement ou non.
En somme, une telle œuvre ne prend sa pleine épaisseur, son entière consistance et, pense-t-elle finalement, son inestimable force, que parce que, aussi, elle vaut comme adresse. Une adresse plus ou moins visible, un appel, plus ou moins audible, à l’autre, éventuellement inconnu, plus certainement imaginaire (Lazzarotti 2012). Le tatouage ne saurait être autrement appréhendé que comme une invitation au regard : finalement aussi comme demande de reconnaissance ? Bienvenue, donc, dans le monde des tatoués, avec leurs codes, leurs références, entendues et sous-entendues. Dans certains cas, ces derniers pourraient bien se confondre avec leurs styles de vie.
Manière d’attirer l’attention, le tatouage n’est pas pour autant un appel vers n’importe qui, n’importe où et moins encore n’importe comment. Et là, elle entend désormais Jacques Lacan (1990, p. 298) : « Le point de l’idéal du moi est celui d’où le sujet se verra, comme on dit, comme vu par l’autre […] ». Le tatouage serait-il donc une invitation pleine d’ambiguïtés ? Car il est de celles qui font une place à l’autre, certes, mais peut-être pour mieux le choisir. Dans tous les cas, c’est le ou la tatouée qui en décide.
Alors, ces tatouages, une manière de dire sans parler ? Interrompant là une spirale sans réponse, elle revint à elle : la dynamique du tatouage combine irrémédiablement invention de soi et regard de l’autre. Et c’est donc ainsi : parce qu’il procède d’une logique à la fois singulière et collective, l’enjeu – le cas échéant, les tensions nouées avec et par les tatouages contemporains, comme elles peuvent l’être avec d’autres traits de la corporéité du reste (Coëffé, Guibert et Taunay 2019) – est celui de la place (Lazzarotti 2006) (Lussault 2009).
Le temps passant, la ville retrouve ses couleurs du jour. Un nouveau quotidien, avec ce nouveau matin, s’empare d’elle. Dans l’instant, c’était donc cela qu’elle ressentait : l’irrépressible nécessité, maintes et vaines fois répétée, d’interroger sa place. Sa place dans le Monde : qui était-elle ? Car elle qui se croyait plus attirée par d’autres silhouettes avait pourtant passé la nuit aux côtés d’une plastique différente, mais pas seulement. Arche lancée entre les dieux et les hommes, plaie de la peau patiemment tissée entre les habitants de tous les âges, geste ancestral et moderne à la fois, incorporation de tous les hybrides du Monde contemporain, adresse sans nom, encres multicolores combinées, lancées ou dérobées, les tatouages impliquent aussi ceux qui les regardent, parfois jusque dans ce qu’ils ont de moins assuré. Mais alors, de son corps ou de ses mots, qu’aimait-elle si fort en lui ? Miroir pour alouettes écervelées, pièges du regard, cette séduction ne serait-elle qu’artifices de superficialités ? Qu’une singularité qui brille ? Qu’une série d’apparences, mal vues et mal entendues, bouteille à la mer jetée vers un erg dépeuplé ? Et lui, lui laisserait-il seulement une place – et laquelle ? – dans cet élégant dédale d’inspiration constructiviste qui faisait de son corps une matière à aimer, à jouir ? À penser, aussi, en s’y réfléchissant ? Comme un mystère à tenir caché, pour être bien sûr qu’il reste obscur – désirable ? – le plus longtemps possible. Allez donc savoir.
En attendant, avec tout ce qu’elle savait, elle ne comprenait plus rien ! Elle n’était plus que doutes, questions venues du miroir des angoisses archaïques, tout autant que peuvent l’être les restes des premières heures d’une humanité sans doute un peu étonnée d’elle-même, mais prête à tout pour réclamer sa part d’existence. S’enfonçant de plus en plus dans une forme de fatigue qui ne ressemble en rien à une lassitude, moins encore au renoncement, elle se résolvait à le rejoindre dans le sommeil, laissant au soleil le soin de sa course renouvelée. S’abandonnant – une fois n’est pas coutume – aux rets de cette beauté muette, elle dépassait maintenant le terme d’une longue journée commencée hier. L’euphorie des premiers instants n’y suffisait plus. Déjà ! Elle partait, et c’était aussi pour être rattrapée par l’angoisse désespérément lancinante des vies. Jamais définitivement écrites, bien qu’elles le soient parfois un peu tout de même : combien de temps suffira-t-il pour que, malgré tout et rien, même en le regardant, elle ne le voie plus ?