En prévision de la grève qui allait affecter son réseau le 2 juin 2005, la Société nationale des chemins de fer français a acheté dans la presse de son pays de vastes espaces publicitaires pour indiquer quels trains circuleraient ce jour-là. Dans la rubrique des trains « au départ de la province », on trouvait notamment les points d’origine suivants : Bâle, Barcelone, Berlin, Brigue, Bruxelles, Chur [Coire], Francfort, Hambourg, Lausanne, Luxembourg, Madrid, Munich, Rome, Turin, Venise, Vienne et Zurich. L’Empire de 1811 n’était donc qu’une pâle esquisse à côté de la France conquérante d’aujourd’hui. Ce nouveau « provincialisme » n’est, pas plus que l’ancien, l’apanage des provinciaux. Il consiste à croire sans réserve et à dire sans cesse que l’on est le Monde, ou l’Europe, et à obtenir ainsi que le Monde, ou l’Europe, las(se) d’en pleurer, finisse par en rire. L’entreprise de service public qu’est la SNCF semble avoir immédiatement intégré dans sa communication le résultat du référendum du 29 mai : il n’y a qu’un imaginaire géographique digne de ce nom, celui de l’État national français. Celui qui prétend le contraire est un néolibéral.
France dorée, France rouillée.
Using an original cartographic technique combining coloured layers, the article presents the vote density map for ...