On observe aujourd’hui une propension à tenter de moduler le psychisme par des actions sur le cerveau et, partant, à refaçonner les identités. Les psychotropes représentent les leviers privilégiés de ces actions. Dès les années 1950, neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques ou psychostimulants sont prescrits, vendus et consommés afin de pallier des souffrances psychiques ou de soigner des maladies mentales. Le succès de ces substances témoigne-t-il de l’efficacité du traitement de troubles universels et récurrents ou, inversement, reflète-t-il une conception spécifique des malaises psychiques et de leurs modes de traitement dans nos sociétés contemporaines ? Dans tous les cas, le développement des psychotropes met en exergue la dimension physiologique et métabolique de la modulation du sujet, comme gouverné par un « cerveau chimique ».
Pour sa quatrième édition, le colloque Mind the Brain 2011 croise les regards sur cette conception chimique du cerveau. Comme dans les éditions précédentes, sont privilégiés les travaux et les réflexions situés à des points de tension ou de collaboration entre la recherche fondamentale, la clinique médicale et les sciences humaines et sociales. Au cours des quatre sessions du colloque seront abordés successivement les moments importants de l’histoire de la conception chimique du cerveau ainsi que les tentatives de modulation de l’activité cérébrale, la question du « virage chimique » et des essais cliniques, les controverses sur les thérapies chimiques des traumatismes psychiques, et enfin la « modulation de soi » sans substances.
Les colloques Mind the Brain! sont organisés par le groupe de recherche « Neurosciences, clinique, sciences humaines et sociales » de l’IUHMSP en collaboration avec le Collège des Humanités de l’EPFL.
Illustration : Laszlo Photo, «Brain Coral», 18.05.2006, Flickr, (licence Creative Commons).