Cet article est proposé par le rhizome Chôros.
Mettre tout à distance, ne plus toucher à rien
Du tout, ce serait là notre nouveau credo
Et plus de touche-touche, et plus de jeux de mains,
Finis les à-bouche-que-veux-tu, les bécots,
Quand l’autre devient louche, quand il ou elle passe,
Quand moi je voudrais tant qu’existe cet espace.
Nous voilà à s’éloigner des autres les uns…
C’est moi ou bien c’est l’autre qui la prend la mouche ? oh !
Pandémie, pandémies, touche à rien, touche à rien !
Mobilis in mobile ne sont que des mots.
On a fait le décompte de ceux qui trépassent
Et on oublie que ce qui compte c’est l’espace.
Bonjour les masques, finies les poignées de mains,
Feux mouvements sociaux, couvre-feu sur le dos
Moi je me remouche et toi tu te recouches, hein !
Sinon attention escarmouches, bobos.
Le jour, passe encore mais la nuit, plus d’espace !
Ne surtout pas faire d’impairs, simplement tu passes.
Les usagers des rues, des places à tout touchent :
Souvenirs ou choses à faire pour bientôt ?
Puisque tout ferme, ouch ! et même les bateaux-mouches,
Nous reste plus qu’à causer aux mouches sur l’eau.
L’espèce finirait par la fin de l’espace ?
On devrait surtout relire Espèces d’espaces.
Il faudra tout regagner par petites touches.
On ne peut plus aller là-bas, aller là-haut,
Pas plus habiter, traverser, tout se rebouche.
Rester chez soi, robinsons sans mille plateaux.
Tous ces individus qui sont pris dans la nasse,
Toutes ces foules qui plus jamais ne se massent,
Plus de pleins, un trop-plein de vides à la louche,
Personne, seulement tous ces coudes en haut,
Alors on ne va pas faire la fine bouche :
Dans le rayon, on tourne en rond quand loin c’est trop.
Faites-nous qu’à la fin quelque chose il se passe.
Le Monde est beau, partout le boire à pleines tasses !
Place ! Faites-nous de la place, faites place
Pour que les touche-à-tout touchent encore à tout.