Le centenaire de la parution de Les formes élémentaires de la vie religieuse d’Émile Durkheim nous invite à interroger le triptyque « société, cultures et religion » qui est au cœur de l’ouvrage. Bien avant leur publication, Émile Durkheim tout comme Marcel Mauss s’intéressent à la religion en ce qu’elle est une chose éminemment sociale. La perspective sociologique consistant à traiter des phénomènes symboliques en portant l’analyse sur leur caractère collectif est clairement durkheimienne. Aussi dans la voie tracée par Émile Durkheim et Marcel Mauss, les deuxièmes biennales s’intéresseront-elles à la question de l’étude des conditions pratiques de « l’efficacité symbolique ».
Atelier n°1 – Politique, représentations et émotions : les formes de construction du lien social.
Il s’agit, au-delà de l’étude (datée) du totémisme des tribus australiennes sur laquelle repose la démonstration d’Émile Durkheim, d’explorer la pertinence contemporaine des modes de construction du lien social qu’il dégage de l’analyse du culte religieux et de la manière dont il engage le corps des participants. L’étude de l’articulation des représentations collectives avec les émotions qui s’opère par l’intermédiaire des rites, l’analyse des formes de construction d’un sentiment d’appartenance collective par l’expérience individuelle de l’efficacité esthétique d’une croyance constituent un aspect encore vivant du livre de Durkheim, qui intéresse aussi bien la sociologie politique que l’histoire culturelle et l’anthropologie culturelle.
Atelier n°2 – Les pratiques religieuses aujourd’hui : tradition et modernité.
Dans la mesure où elle a pu être facilitée par la diffusion de la sociologie durkheimienne, la reconnaissance contemporaine, dans les sociétés démocratiques, de la notion de « culture religieuse » nous situe au cœur des enjeux de l’étude des pratiques religieuses aujourd’hui. Dans un contexte de globalisation qui favorise, par l’intermédiaire de l’immigration et de la « diaspora des publics », la confrontation entre différents modes de socialisation, « traditionnels» et « modernes », cet atelier privilégiera les travaux empiriques de chercheurs en sciences de l’éducation, psychologie sociale, sociologie sur la transmission de la culture religieuse en Europe.
Atelier n°3 – Consommation culturelle et pratiques artistiques: l’expérience du spectateur
La reprise et l’approfondissement de l’œuvre d’Émile Durkheim par Marcel Mauss, ainsi que ses propres travaux, l’ont conduit à esquisser conjointement une anthropologie de la technique et une anthropologie du don aujourd’hui reconnues comme des outils d’analyse de la modernité culturelle. Cet atelier sera consacré à l’exploration des aspects émotionnels de la consommation culturelle et la manière dont l’œuvre de Durkheim, reprise et approfondie par Marcel Mauss, peut aider à mieux cadrer la démarche du chercheur, en réintroduisant la prise en compte de la dimension corporelle de l’expérience esthétique dans l’analyse des formes de sacralisation de cette expérience. Cet atelier sera l’occasion de discuter les observations — par des sociologues, mais aussi des ethnologues et des historiens de l’art — de situations artistiques innovantes, notamment dans les arts du spectacle.
Les propositions de communication prendront la forme d’un résumé de 3000 signes maximum (espace compris) en faisant figurer le titre de la communication, votre nom, votre appartenance institutionnelle et votre adresse email. Elles sont à envoyer à Lionel Jacquot et Charles Kraemer avant le 2 mai 2012 et doivent obligatoirement s’inscrire dans un des trois ateliers cités ci-dessus. Le texte final de la communication, d’une longueur maximale de 35 000 signes (espace compris), devra nous parvenir au plus tard le 21 septembre 2012 (les consignes de présentation vous seront présentées ultérieurement). Les deuxièmes biennales feront l’objet d’un ouvrage collectif. Le colloque se tiendra les 19 et 20 octobre à Épinal.
Illustration : Martijn Booister «Incense at an Chinese temple», 21.04.2012, Flickr, (licence Creative Commons).