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Serendipity.

Temps long.

Ce que Fernand Braudel a dit sur le temps, nous l’avons en mémoire.En présentant chaque moment ...

Paris-palimpseste.

Éric Hazan, L'invention de Paris, Il n'y a pas de pas perdus, 2002.

Image1« Pas perdus : il n’y en a pas », écrit Breton dans Nadja, et c’est sous l’égide de ce célèbre promeneur ainsi que de quelques autres, et d’abord Walter Benjamin, que se situe l’ouvrage.

Promenade parisienne, au fil des lieux classés par zones géographiques, qui consiste à mettre à nu les strates du passé, en évoquant les gens, les mouvements, les relations nouées ici ou là, les évolutions de l’habitat, la colonisation surtout par la ville de lieux de plus en plus larges autour d’un noyau lui-même évolutif. La force de la ville s’affirme au fil du texte, force de conquête spatiale, mais aussi de construction culturelle et donc politique, voire, dans l’histoire, révolutionnaire. La dernière phrase l’affirme, Paris est une « force de rupture ».

La première partie s’intitule « Chemins de ronde », et son introduction « Psychogéographie de la limite », donne le ton auquel vont se conformer les parties, chacune consacrée à un quartier : la ville a fait craquer toutes ses enceintes les unes après les autres, même si le boulevard périphérique apparaît aujourd’hui comme une frontière plus difficile à franchir. Dans la seconde, « Paris rouge », c’est à travers la geste révolutionnaire que la ville est lue, souvenirs de ftp sur des plaques d’immeubles modestes, souvenirs de barricades surtout, dont une sorte d’histoire est proposée, mais, comme le reste, à la manière d’une errance au fil des lieux et de la mémoire, au fil des textes aussi. La troisième partie porte en titre une expression baudelairienne « Traversant de Paris le fourmillant tableau… », et comporte deux études. « Les flâneurs » évoque quelques-uns de ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse à la promenade parisienne : Restif, Balzac, Baudelaire, notamment. On peut regretter à ce sujet que Hazan omette non seulement Fargue, peut-être secondaire, mais surtout Apollinaire, qui se nommait lui-même « le flâneur des deux rives », et plus encore les poètes contemporains Jacques Roubaud et Jacques Réda, le dernier montrant d’ailleurs comment les limites de la ville sont précisément traversées, puisque ses textes décrivent aussi bien Paris intra muros que des espaces de la banlieue. Dans « Les belles images », dernier chapitre, il parle des photographes, des peintres, de tous ceux que la modernité a poussé à prendre le « laid » et le « moderne » comme objet de recherche esthétique.

Le texte lui-même est construit comme une promenade : dans la ville et dans les strates du passé, tel que l’histoire et les arts en laissent trace. Paris-palimpseste, vivant de tous les espoirs, luttes, rêveries accumulées. Hymne d’amour à la grande ville qui a sans doute, dans le monde, le plus suscité d’attraction et de création dans les pas de Benjamin fasciné et horrifié par la modernité. Livre très personnel et parfois si touffu qu’on s’arrête à force d’accumulations de faits et de références, mais qu’on reprend si, comme Hazan, on a conscience du pouvoir créateur de la capitale, pour mieux, au hasard de ses propres pas, comprendre comment on avance dans des chemins déjà balisés.

Abstract

« Pas perdus : il n’y en a pas », écrit Breton dans Nadja, et c’est sous l’égide de ce célèbre promeneur ainsi que de quelques autres, et d’abord Walter Benjamin, que se situe l’ouvrage.Promenade parisienne, au fil des lieux classés par zones géographiques, qui consiste à mettre à nu les strates du passé, en ...

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Authors

Yveline Lévy-Piarroux

Agrégée de Lettres, enseignante à Paris. Elle est la directrice de publication des Cahiers d’EspacesTemps.

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Serendipity.

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