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Serendipity.

‘Brider les forces du chaos.’

La Paix perpétuelle (1996) de Jürgen Habermas. Extrait du PhiloGuide 2004 de Christian Ruby et Jean-Paul Scalabre (dir.), 2003.

Le monde humain résonne en permanence du vacarme des conflits. Et chacun d’entre nous appelle de ses vœux un effort en faveur de la paix. Mais comment réaliser un ordre international susceptible de brider les forces du chaos ? Beaucoup voient dans l’Onu une institution capable de créer une nouvelle réalité, de devenir un « Conseil fédéral mondial » dont on pourrait attendre qu’il garantisse un ordre universellement accepté. On évoque aussi la possibilité d’élaborer une Charte des droits de l’homme efficace contre le chaos international ou les génocides qui se perpétuent. Bref, une utopie prend forme : celle d’unifier les peuples et de supprimer la guerre, définitivement.

Pour que ce projet d’un monde réconcilié ne se dissolve pas dans des rêves simplistes, le philosophe allemand Jürgen Habermas a rédigé, en 1996, un ouvrage intitulé la Paix perpétuelle. Il se divise en cinq chapitres dont on lira aisément les trois premiers, laissant les deux derniers de côté, car ils utilisent des références complexes.

Image1Le premier chapitre résume un article publié en 1796, au siècle des Lumières, par le philosophe allemand Emmanuel Kant. Ce dernier explique que la paix et l’unité du monde ne sont jamais acquises d’avance. Il convient de travailler sans cesse à les produire. D’ailleurs, la paix est trop souvent confondue avec l’absence de guerre, alors que celle-ci n’est en général qu’une période de préparation à la guerre. Si on veut donc que la paix soit durable, elle doit être organisée par l’intermédiaire d’un État mondial. Cet État édicterait des lois, connues de tous, qui mettraient fin aux agressions entre les nations. Le deuxième chapitre expose, en les critiquant à la lumière des événements du 20e siècle, les trois éléments aptes, toujours selon Kant, à favoriser la construction de la paix et de l’unité : le caractère pacifique des républiques, la force intégratrice du commerce, la fonction d’une opinion publique internationale. Le troisième chapitre offre une réflexion d’actualité. Il donne corps à une nouvelle conception des relations entre États, en expliquant que chacun d’eux doit accepter la limitation de sa souveraineté.

Au cœur de cet ouvrage, émerge un concept original, celui d’espace public mondial. L’auteur propose par là un idéal : que chacun participe à l’élaboration d’un droit public des hommes en général, en apprenant à discuter et à communiquer avec tous. Les grandes conférences mondiales portant sur des questions planétaires (écologie, démographie, pauvreté, climat, etc.) peuvent servir de modèle à une telle perspective. Elles aboutissent à faire pression sur les gouvernements, au nom d’une opinion mondiale. Appelant de ses vœux un ordre mondial humain, construit à partir d’échanges argumentés, l’auteur prône le développement d’un réseau international de discussions. Ainsi l’ordre mis dans le monde social et politique ne se fonderait-il plus sur la force mais sur le droit.

Christian Ruby et Jean-Paul Scalabre (dir.), PhiloGuide 2004, Paris, Quintette, 2003. 133 pages. 13 euros.

Image2A propos du PhiloGuide 2004, voir également en ligne sur EspacesTemps.net :

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Le monde humain résonne en permanence du vacarme des conflits. Et chacun d’entre nous appelle de ses vœux un effort en faveur de la paix. Mais comment réaliser un ordre international susceptible de brider les forces du chaos ? Beaucoup voient dans l’Onu une institution capable de créer une nouvelle réalité, de devenir un « ...

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