Tout débute avec un « souvenir d’enfance » sur les bancs de l’école française des années 1950, « une expérience épistémologique enfantine » (p. 14) issue de cette époque où l’enseignement de l’histoire et de la géographie était une « fabrique nationaliste » (p. 14).
Dans tous les cas, cette histoire restait toujours dans les frontières de la carte de France qui jouxtait le tableau. Lorsqu’on en sortait, c’était pour suivre une chevauchée, avec Saint-Louis ou Napoléon, Charlemagne ou Turenne, ou bien une colonisation héroïque, avec Cartier ou Faidherbe, Dupleix ou Bugeaud (pp. 13-14).
En bref, cet enseignement relevait d’un récit où l’idéologie, le patriotisme le disputaient à l’objectivité. Le reste de la carte restait muet. L’écolier s’est heureusement demandé si « la guerre de Cent Ans, moment important de la geste française régulièrement reparcouru, […] sa rédemption finale avec Jeanne d’Arc, n’impliquait-elle pas une version anglaise symétrique ? » (pp. 14-15). Cette approche de l’histoire qui, des cartes, ne retenait que les frontières, ne semble avoir été véritablement remise en question qu’avec le sursaut provoqué par les décolonisations. L’historiographie, dès lors traversée par des voix nouvelles, contradictoires et discordantes, devait se penser à une autre échelle : le monde. C’est la raison pour laquelle Christian Grataloup étudie les outils du géographe et de l’historien en tant que représentations du monde capables de mobiliser des récits, souvent motivés par des pouvoirs politiques et économiques qu’il est nécessaire de remettre en question. Dans cet essai, il déclare l’urgence d’enclencher un processus de refondation épistémologique ; il nous faut approcher ce monde en étant désormais attentifs à ce « singulier pluriel » (p. 41) qu’est l’humanité. Ces lignes de force ainsi tracées permettent d’affirmer « un besoin de géohistoire » (p. 36) : un regard qui considère que les paysages font aussi l’histoire, une « géographie des histoires » (p. 15). Et puisqu’il s’agit d’interroger scientifiquement le savoir que nous mobilisons pour regarder le monde, notamment le planisphère et l’histoire, l’essai de Christian Grataloup est salutaire par les pistes qu’il propose. « Ce qui est radicalement neuf, [annonce-t-il], c’est la prise de conscience, par les Occidentaux, qu’ils doivent maintenant tenir sérieusement compte des autres. » (p. 21).
Car, « [c’]est la pensée du monde, la manière de la construire, de la travailler, dans toutes ses dimensions, qui est proprement l’objet de cet essai » (p. 22). Il approche donc tous les outils, supports inventés qui permettent de nommer et d’arpenter ce monde : la géographie et l’histoire en premier lieu, le binôme disciplinaire français, dont les supports privilégiés, la carte et la frise chronologique, étaient la traduction d’un regard partiel et nationaliste. Mais cette refondation passe aussi par une réflexion sur les paysages et leur toponymie qui relèvent d’un « nominalisme créateur » (p. 67) ; dynamique du nationalisme qui naît lorsqu’un nom est associé à un paysage. À rebours de ces systèmes rigides, l’essai oriente notre réflexion vers les innombrables variétés d’inventions et d’interactions qui se déploient, par exemple, avec les migrations, qu’il s’agisse de celles des « populations paléolithiques » (p. 43), des expéditions coloniales, des voyages touristiques ou quand il est question de fuir la violence des révolutions.
Par exemple, l’évocation par Naipaul de la vie londonienne dans les années 1950, ces années où étudiant, le futur Nobel rêvait à sa carrière d’écrivain, nous permet de mesurer l’ampleur des problématiques que Christian Grataloup tente de saisir et partir desquelles il ouvre à de nouvelles approches. Pour Naipaul,
[l]es villes comme Londres allaient changer. […] Elles allaient accueillir tous les peuplades barbares de la terre, les gens de la forêt et du désert, Arabes, Africains, Malais, en quête de savoir, de manières, de produits prestigieux et de libertés » (Naipaul, 1991, pp. 183-184).
L’idée d’une ville attirant vers ses lumières ceux venus de ténèbres géographiques est la survivance d’un imaginaire qui a irrigué l’historiographie et que Grataloup nous invite à analyser. Imaginaire dont nous pressentons l’effondrement, dont la mutation est perçue comme une urgence sans que nous soyons capables de définir les moyens de le faire changer. Pour la recherche universitaire, il s’agit de forger de nouveaux outils, de remettre en question d’anciennes catégories pour appréhender un monde dont la complexité est désormais incontournable.
Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? interroge donc le regard que nous portons sur le monde à partir des planisphères. L’intention est de remettre en question les proximités ou les distances culturelles et/ou géographiques telles que nous les avons conçues à partir d’une tradition d’enseignement de la géographie et de l’histoire. C’est précisément à une réflexion sur la genèse et l’histoire de ce regard, de cette éducation et ses ambiguïtés que nous sommes conviés. Un premier réflexe existe encore qui consiste à évaluer la distance entre une petite île du Pacifique (que nous avons choisie pour nos vacances) et Paris ou Londres (où nous résidons) comme un défi à relever, digne des grandes épopées : suffisamment lointaines pour offrir un exotisme que nous considérons de plus en plus rare et tellement proche d’après une certaine idée (et de la page web qui nous assure que l’hôtel dispose d’une connexion internet) de la mondialisation qui voudrait que les distances soient, pour le bien-être de tous, raccourcies grâce aux technologies de l’information.
Pourtant, c’est un essai sans cartes qui nous est proposé, mais où l’idée cartographique demeure présente, car l’auteur y fait la démonstration que
[l’]on peut avoir une histoire commune non seulement avec ses voisins, mais également, pour partie tout au moins, avec des sociétés lointaines avec lesquelles on a des relations, fût-ce par le truchement de nombreux intermédiaires (p. 17).
Cet heureux paradoxe permet une réflexion sur deux regards : celui qui a imposé la carte comme outil d’exploration (qui supposait une conception des peuples et des hommes) et celui que nous posons sur le planisphère par lequel nous cherchons encore à affronter la multitude de l’humanité. Au fur et à mesure de ses chapitres, Grataloup scande son essai d’interrogations déterminantes, notamment au sujet des jalons de notre tradition scolaire historiographique. « L’histoire peut-elle s’écrire au singulier ? », « Où est l’Antiquité ? », et « Qui est médiéval ? » : autant de questions qui obligent à vraiment dérouler le planisphère, à refuser de le considérer en zones d’ombre isolées et archaïsmes épars. Il y a donc des « espaces-temps suspects » dont l’universalisation est également à interroger en ce qu’ils dissimulent souvent des modes de domination où « moderne » et « médiéval » sont souvent interchangeables avec « civilisé » et « barbare ». Il y a donc un séquençage historiographique à interroger en ce qu’il dissimule une sémantique et une représentation de l’Autre à l’origine de conflits. Grataloup veut ainsi démontrer que « [l]a mémoire collective, la perspective temporelle organisant tant le passé que le futur [est] un immense enjeu des mutations du présent » (p. 19). Les solutions ne se trouvent dans aucune forme de relativisme confortable, mais bien dans une approche renouvelée de l’humanité que les cartes nous donnent à voir.
L’intensité des recherches de Christian Grataloup trouve probablement son origine dans cette « inquiétude enfantine » (p. 15) face au mutisme des cartes ; inquiétude dont l’auteur a « gard[é] une méfiance devant tous les récits que l’on qualifie souvent de “ tubulaire”, sans géométrie variable dans leur assise sociale et géographique, sans bifurcation, sans combinaison avec d’autres parcours, sans changement d’échelle » (p. 15). En ce sens, cet essai entretient une certaine parenté avec les poétiques d’Édouard Glissant dont la pensée salutaire incite à approcher le monde dans son « infini détail » (Glissant, 2009, p. 27), en termes de « Relation » [1] et à appréhender cet envers sublime et désormais incontournable qu’est la mondialité. Le poète a d’ailleurs rappelé que « le roman occidental […] est la croyance qu’on peut dire l’histoire, le monde, qu’on est les seuls à pouvoir le dire parce qu’on est les seuls à le contrôler » (Glissant, 2010, p. 115). Autant d’approches qui sont ici augmentées de la rigueur épistémologique du géohistorien qui nous invite à penser la « diffusion de l’humanité » (p. 42) en ce qu’elle a donné et donne encore lieu à une diversité de stratégies d’adaptation qui, pour le meilleur et pour le pire, façonnent notre réalité parmi lesquelles comptent les langues. S’inventant, se renouvelant tant par proximité que par contact, elles semblent être le fait le plus représentatif de cette humanité décrite par Grataloup. Il considère que la « capacité d’autonomie » (p. 45) est le fondement de la diversité grandiose des sociétés.
Les discours, les récits particuliers, des images issus de nos mémoires collectives, annoncent une infinité de modalités de rapports entre les communautés et déterminent également notre manière de regarder un planisphère. Pourtant, « […] pour la première fois l’humanité pense sa dynamique en même temps que celle-ci se déploie » (p. 23). C’est pour cela que « […] ce livre s’adresse […] d’abord à toutes les consciences civiques, qu’elles soient celles des citoyens locaux, français, européens et/ou du Monde » (p. 19). D’où l’interrogation-titre de l’essai de Christian Grataloup, à travers laquelle il invite à se saisir de cette « histoire du monde » que nous refusons de remettre en question. Car nous avons conservé ce même regard qui a permis de dessiner les premiers planisphères, c’est-à-dire celui qui planifiait les conquêtes, les batailles, le profit, les loisirs, mais aussi celui de la crainte de l’invasion, des frontières et de la menace. Un regard qui refuse d’affronter ce qu’il faut considérer comme la donnée fondamentale de notre époque qui veut que « les visions du passé ne peuvent plus se satisfaire du récit occidental » (p. 24).
L’interrogation éponyme gagne en intensité avec la « bataille du Kosovo » (pp. 58-60) et le discours prononcé par Slobodan Milosevic le 28 juin 1989 pour la commémoration de la bataille du Champs de Merle de 1389 : la « catastrophe yougoslave » débutait ainsi. C’est, pour Grataloup, une illustration sanglante des conséquences d’un récit fragmentaire et idéologique conçu à partir d’une « vision rétrospective dangereuse » (p. 60) où tout est pensé en termes d’invasions et de vols ; forfaits auxquels il apparaît alors nécessaire de trouver des boucs émissaires dont le châtiment pourrait aider à restaurer la fierté nationale au prix d’un massacre expiatoire. Mais le drame du Kosovo est surtout l’épilogue tragique qui permet au géohistorien de rappeler les liens étroits entre réalités linguistiques, cartes, frontières et sentiment de fierté nationale. Surtout, l’histoire de la Serbie du 19e rappelle que ce processus relève également de volontés qui rassemblent savants, idéologues et hommes politiques dont « […] l’effort pour trouver ou retrouver (“purifier !”) l’homogénéité d’un espace identitaire est vite meurtrier : il commence par des poèmes et finit dans des tranchées » (p. 67). C’est, en effet, précisément à l’intersection des réalités linguistiques et géographiques que s’élabore le récit collectif ; « contenant producteur » (p. 64) qui aide à dessiner les espaces nationaux, mais aussi les plans de bataille. L’exemple Serbe, où la langue et les récits ont suffi à décider des frontières, montre un type de création initiale de nations dont nous assistons à l’effritement sous l’effet des contacts multipliés. C’est cette prise de conscience de la mondialité dont Christian Grataloup s’applique à démontrer combien elle oblige à remettre en question des catégories de notre discours sur le monde.
Composer le récit fondateur de la nation revient donc à situer ses voisins sur la carte, à les identifier comme ennemis, frères ou alliés et à s’attribuer le rôle de résistants, martyrs ou conquérants, à créer ce que Christian Grataloup appelle le « contenant producteur » (p. 64) à partir duquel se forge, se restaure et se renouvelle cet édifice mental qu’est le patriotisme. Les patries résultent avant tout d’un agencement motivé par les pouvoirs politiques d’une époque donnée qui cherchent à les fixer dans une éternité dont les caractéristiques se trouvent dans le « contenant producteur » : les chansons populaires, les contes, les danses, les musiques, la littérature, etc… y trouvent une cohérence, permettent de cristalliser des valeurs à partir desquelles nous lisons les cartes. Ainsi Christian Grataloup rappelle à quel point le nationalisme se situe à l’intersection entre imaginaires et actions politiques, donc d’une possibilité de réinvention permanente cachée par la transcendance que l’on prête généralement aux récits fondateurs, qu’ils soient d’origine divine ou non. Cet enseignement hérité de « l’affirmation des nations aux 19e et 20e » voile encore les consciences même si les multiplicités qui déferlent avec la mondialité nous incitent à le remettre en question. Peut-être que le défi posé par la mondialité est de nous rappeler qu’il suffit d’un pas aux géants des contes pour passer d’une ville à l’autre et que c’est autant le désir de retrouver Ithaque que son insolence envers les Dieux qui ont permis à Ulysse de conjurer la malédiction de l’exil par la traversée de lieux merveilleux. En bref, si les frontières peuvent relever de réalités linguistiques et/ou géopolitiques, elles sont également le fait de projections des imaginaires.
Le « contenant producteur » n’est pas sans rappeler « l’identité narrative » que Paul Ricœur a définie comme « le rejeton fragile issu de l’union de l’histoire et de la fiction » (Ricœur, p. 442) ; elle montre que « dire l’identité d’un individu ou d’une communauté, c’est répondre à la question : qui fait telle action ? Qui en est l’agent, l’auteur ? » Le concept de « contenant producteur » attire l’attention sur la dimension politique attribuée aux fictions lorsqu’elles ont été associées à la réalité des cartes « pour que les références paysagères constituent un véritable dispositif social et culturel » (p. 66). Là encore, il est question du regard : ce « dispositif » consiste en l’invention d’un « paysage identitaire » (p. 67) dont la localisation sur une carte suffit à évoquer l’épopée nationale, à expliquer la grandeur (retrouvée ou perdue) de la nation. La tâche des « hussards noirs » (p. 13) évoqués en avant-propos fut donc de contenir la magie des contes et de la substituer à l’ « histoire mythologique » (p. 67) ; celle de ces toponymes qui, à foison, évoquent, non seulement, les exploits héroïques, mais surtout, ces paysages qu’il a été nécessaire d’intégrer (en les nommant) à la logique patriotique. En grande partie, enseigner consistait alors à faire « […] mémoriser des noms propres, des toponymes qui permett[aient] de nommer, d’identifier le morceau de Terre de la nation » (p. 68). En bref, « nommer, c’est souvent délimiter et créer » (p. 68) : nommer pour initier des actes d’autodéfense collective ou manifester la joie d’une appartenance commune à une grande nation.
Il serait pourtant faux de voir dans l’analyse du patriotisme scolaire, une invitation à l’abolition des frontières. Il s’agit plutôt d’inciter à la vigilance nouvelle qu’impose le passage du « […] Monde-puzzle […] au Monde-réseau tissé par les échanges multiples qui s’affranchissent des limites nationales » (p. 70), c’est-à-dire qu’il faut désormais remettre en question des catégories de lecture de l’espace et du temps. Le tour de force de Christian Grataloup est d’inciter à inventer un nouveau balisage pour notre regard, de l’attirer vers de nouveaux amers lorsque nous abordons les rivages du monde. Finalement, la question en filigrane est « comment penser autrement l’histoire du monde ? » L’urgence commence par un réexamen des « outils dont [nous] dispos[ons] » (p. 77). Or, ces « outils » nous rassurent, nous permettent d’affronter ou de contourner de redoutables complexités ; les abandonner équivaudrait à tomber dans le vide.
Ainsi, qu’avons-nous oublié de regarder ou d’écouter ? L’ingéniosité des cartes de géographie, l’infinie variété de voix, de chants, de contes et de récits qui nourrissent le travail de l’historien nous ont dissimulé leurs secrets. La carte est encore regardée comme un plan de bataille, « […] [l]es humanités ne prennent pas la dimension de ces géographies d’aujourd’hui et nous imaginons plus volontiers être bornés par des frontières qui vont dans l’incommensurable » (Glissant, 2009, p. 25). Déjà, au bout de la lecture de cet essai, il est certain que le nationalisme qui borne notre regard, qui filtre notre écoute est bien la peur de la rencontre et de la fréquentation du Monde. Il faut parler des recherches qui tentent d’élargir les perspectives et de discuter les grands moments supposés de l’histoire du monde (de la fondation de l’Empire Romain à l’arrivée de Christophe Colomb aux Amériques) et surtout, de contredire « […] l’histoire scolaire […] eurocentrée [où] les autres sociétés [ne] font leur apparition qu’à partir du moment où elles sont “découvertes” » (p. 104). Cependant, contredire cette « histoire scolaire » tient souvent de l’affrontement des idéologies identitaires et parfois, ces travaux contradicteurs n’échappent pas au mal qu’ils dénoncent, c’est-à-dire d’écarter « l’Autre » du portrait de famille, de simplifier dangereusement. Elles « […] s’inscrivent, observe Christian Grataloup, dans un immense champ d’effort pour revaloriser des ensembles sociaux qui ont d’une manière ou d’une autre le sentiment d’être dépréciés par le récit standard de l’histoire du Monde » (p. 113).
Faire de la recherche en suivant la trame du « […] tissu (de) la conjonction “et… et… et… ” » (Deleuze et Guattari, 1980, p. 36) suppose, et c’est là le défi, l’abandon de réflexes anciens, la capacité de surmonter l’esprit de vengeance alimenté en grande partie par la puissance de mythologies figées.
Il ne s’agit pas d’écrire des histoires qui n’ont pas eu lieu, de faire conquérir l’Amérique par des Japonais, des Polynésiens ou des Maliens, même si des contacts ont pu se produire, mais d’envisager les possibilités non réalisées autrement que comme des blocages, des échecs programmés, d’ébaucher des histoires du Monde. (p. 151).
Soyons désormais attentif à ce que l’obsession de la pureté, la vision belliciste et économique des frontières, les tentatives de définition d’une « identité nationale » par l’État, nous empêchent souvent d’envisager : à savoir que le Monde se fabrique aussi et surtout à partir de porosités, de rencontres, d’influences, de transformations et d’imprévisibles. Il ne s’agit pas de morale pour autant, mais plutôt d’être en mesure de gravir « l’échelle du Monde » (p. 210), de le regarder tel qu’il nous est enfin possible de le voir — dans sa multiplicité — sans en ressentir aucun vertige, si ce n’est ceux d’une lucidité volontaire, mais aussi de l’émerveillement et des rencontres.
Christian Grataloup, Faut-il penser autrement l’histoire du monde ?, Paris, Armand Colin, 2011.