Reprendre Formes s’attache à reconsidérer ce qui a été occulté par les analyses postmodernes de l’urbain : la ville dans sa dimension la plus matérielle, à travers ses formes et ses objets. Sans entrer dans les distinctions artificielles entre technique et société, nature et culture, science et politique, nous proposons de réexaminer la place des objets et des éléments conventionnels (normes, règles) dans la transformation de la ville. Il est essentiel de prendre au sérieux ces éléments dans la mesure où c’est dans les processus de mise en forme que se jouent les réponses aux problèmes politiques et sociaux relatifs au développement urbain. Comment l’entrée par les formes et les instruments modifie-t-elle le regard sur la transformation de la ville ? Quels sont les objets qui transforment l’espace et la ville ? Dans quelle mesure les dimensions formelles de l’espace urbain guident-elles et encadrent-elles les actions qui y prennent place ?
Les formes urbaines caractérisent les propriétés matérielles d’un espace donné. Au plan spatial/territorial, les densités et les formes d’urbanisation, le maillage des infrastructures, la distribution des fonctions, la localisation des équipements urbains sont le fruit de processus d’accumulation historique, en perpétuelle mutation. Au plan social/politique, la composition d’un monde commun, susceptible de faire place aux personnes dans leurs différents rythmes et aspirations, passe par l’invention et la modification des règles et des standards qui donnent formes aux aménagements nécessaires pour accueillir les multiples activités se déroulant dans la ville. Afin de saisir ces dynamiques, nous étudierons les processus de mise en forme de l’urbain à travers trois sources de transformations majeures, à forte dimension matérielle, sociale et politique :
-
les infrastructures, les réseaux de communication ;
-
l’architecture, le cadre bâti ;
-
les normes, les règlements.
L’étude de la production de la ville invite à considérer les modalités d’interaction entre expériences, pouvoirs et formes urbaines. Le Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL a convié des spécialistes à intervenir sur quatre thèmes, s’inscrivant au cœur de deux axes dessinant un continuum : «expériences-formes » et « formes-pouvoirs », les 27 et 28 juin 2006. Cette Traverse restitue de façon synthétique les travaux de ce séminaire.
Illustration : Benjamin Laclau, « Réseaux électriques fantastiques », 9.3.2007, Flickr (tous droits réservés).