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Sérendipité.

La réalité sociale : structure et qualité.

Pierre Livet et Frédéric Nef, Les êtres sociaux. Processus et virtualité, 2009.

Image1Les deux philosophes Pierre Livet et Frédéric Nef, le premier proche et familier de la sociologie pragmatique, le second célèbre pour son œuvre de métaphysicien, élaborent dans cet ouvrage une ontologie de la réalité sociale, qu’ils présentent sous l’intitulé d’une « ontologie des processus ». La nature de la réalité sociale, la question de son mode d’être constituent une réflexion qui semble aujourd’hui gagner du terrain en sciences sociales, ce qui mériterait de devenir une priorité de la démarche scientifique en général. Récusant le fait de poser l’individu comme l’entité de base de l’ontologie sociale, Pierre Livet et Frédéric Nef accordent cette place aux structures, précisément aux contraintes structurelles, de nos activités sociales. Les auteurs déchiffrent alors comment les interactions se déroulent, s’effectuent. Et, récusant aussi la réduction de la réalité sociale à nos constructions mentales, ils défendent alors le réalisme structural : s’ils reconnaissent limiter leur analyse au champ des activités humaines, ils s’intéressent aux modalités de l’interaction sociale en dehors de l’expérience que nous en avons, ou comment elles subsistent à leur investissement par les hommes. Ils leur confèrent ainsi une part de virtuel, en plus de leur actualité. La compréhension de la réalité sociale se révèle celle du sens social produit par les échanges entre acteurs sociaux, la plupart du temps anonymes et éloignés, ce qui implique nécessairement du vague. La question « comment existe effectivement une société ? » devient pour Pierre Livet et Frédéric Nef « comment des activités […] font exister une société ? » (p. 30).

Les interactions sociales sont donc le point de départ de l’ontologie du social de Livet et de Nef. Au commencement, pour eux, ne se trouvent pas les individus mais leurs relations, qu’ils définissent comme étant des chemins d’un élément à un autre. La structure d’une interaction devient un réseau quand le chemin permet de revenir à son élément de départ, quand il forme une boucle. « Il faut que ces interactions que les acteurs lancent, ils ne les lanceraient pas s’ils avaient conscience que le bouclage ne se produira pas, » écrivent Livet et Nef (p. 154). « Comment se forme cette boucle ? » et « comment constitue-t-elle la base de la réalité sociale ? » sont les questions au cœur de l’ouvrage. Les éléments, ici les interactants, du réseau s’efforcent, dans les limites de ce qu’ils peuvent faire, de maintenir le réseau. Il arrive néanmoins immanquablement que se produisent des pannes de réseau. La boucle n’est alors pas bouclée, quand un acteur est défaillant ou quand l’environnement de l’activité fait obstacle, et l’on ne revient pas au point de départ, au point de démarrage de la boucle. À ces pannes de réseau, Livet et Nef proposent la solution de la substituabilité des activités que pratiquent les êtres sociaux : ils prennent l’exemple (primitivement traditionnel) du couple d’activités « chasse-cueillette », qui peuvent se substituer l’une à l’autre quand l’une ou l’autre ne réussit pas. Ceci explicite leurs choix de placer le processus à la base de l’ontologie sociale et d’expliquer comment, selon eux, cela fonctionne. Ils recourent à la double composante des activités substituables : par exemple, le couple « chasse-cueillette » comporte toujours un élément actuel et un élément virtuel, il n’est en tout cas pas réductible à de l’actuel. Cette idée de potentialité (ou potentialisation) de la réalité sociale est un premier point.

Un second point réside dans la place centrale que Livet et Nef accordent, dans leur ontologie sociale, à l’échange et du même coup à l’engagement, comme si l’un et l’autre étaient évidemment liés. Mais cela dit, s’ils semblent, au premier abord et par la typologie des engagements qu’ils nous livrent (p. 166), fonder leur conception sur l’engagement, nous verrons que celui-ci, à mesure que s’amplifie l’analyse d’une interaction primaire et que nous montons dans son explicitation, est toujours plus « mis de côté », au ban de la société. En d’autres termes, plus l’engagement se complexifie, plus le niveau d’explicitation de l’engagement augmente, moins il est tangible, moins il a émergé dans une situation de face-à-face direct, et plus les médiations se multiplient. Plus le besoin de recourir à l’explicitation de l’engagement devient prégnant, plus cela signifie que la virtualité prend de l’importance et que le contrôle direct sur les choses s’effiloche. Voyons cela. Tout en bas de l’échelle se trouve l’engagement implicite en première personne. Il n’y a pas d’autre, il n’y a pas de transaction avec lui. Je prends un objet (une faux dans l’exemple de Livet et Nef) et je me trouve amené à la remettre à sa place. Le second est l’engagement personnel induit qui peut être explicité après coup : je prends cette faux et j’organise mes actions de manière à pouvoir la remettre à sa place. Vient ensuite l’engagement personnel qui doit être anticipé par son auteur : pour prendre cette faux, je dois anticiper que je la remettrai à sa place. Sinon je ne peux la prendre, je ne m’autorise pas à la prendre. La différence entre ces deux précédents engagements, c’est que, pour le dernier, l’anticipation de l’acte de ramener la faux est une condition à l’acte de la prendre. L’engagement devient palpable dès lors qu’il précède l’action. Avec l’engagement interpersonnel implicite incomplet, autrui fait son entrée : je prends la faux appartenant à autrui avec l’intention de la rendre ; il me laisse la prendre et s’attend à ce que je la ramène, sans formulation de l’engagement. Dans l’engagement interpersonnel implicite complet, autrui me laisse prendre la faux, et s’attend à ce que je la lui ramène parce qu’il me tient engagé à la lui rendre. Puis, c’est l’engagement interpersonnel explicite incomplet : autrui me laisse faire en fonction de mon habitude et non en fonction de l’engagement que je lui ai déclaré, ce qu’il fera en revanche dans l’engagement interpersonnel explicite complet. Enfin, le dernier type d’engagement est la promesse explicite. La déclaration que je fais de rendre la faux (parce qu’autrui a des doutes) m’engage à ce que les doutes de mon partenaire se révèlent injustifiés. Se superposent dans ces différents types d’engagement les régimes actuel et virtuel des processus [1], qui sont des conditions au processus prendre-ramener, qui constitue une action dite sociale.

Examinons cela de plus près : l’acte de prendre est ce qui nous met face à l’engagement, qui devient d’ailleurs beaucoup plus sensible dans le fait d’emprunter. Prendre implique de ramener ou de reposer (ici à la même place, ce qui justifie d’ailleurs l’engagement même en première personne), acte qui est encore à l’état virtuel au moment où l’on prend. Cela dit, il n’en est pas moins inexistant : il est impliqué, nécessité par le premier aspect de l’action. L’engagement provoque cette virtualité. S’il n’y a pas d’engagement, ou d’échange, d’interaction qui engage, il n’y a pas ces trajets virtuels, car il n’y a pas d’attente. Le virtuel « se révèle » par l’attente. Dans le couple d’activités « chasse-cueillette », quand l’une est en train de se produire, l’autre témoigne d’une existence virtuelle et conditionnelle. Est-ce que, comme pour Philip Pettit, ce virtuel est lié au caractère fonctionnellement éventuel de l’existant en question (2004) ? Est-ce l’existence virtuelle de quelque chose est liée à son caractère fonctionnel mis de côté mais dont on peut éventuellement avoir besoin ? Livet et Nef ne formulent pas les choses de cette manière, mais ils parlent en revanche d’un monde contrefactuel, contraire aux faits donc, dans lequel se situe par exemple la chasse quand la cueillette se déroule dans le monde actuel. Il faut alors se rappeler que le virtuel et l’actuel ne sont pas distincts, ils sont les deux aspects d’un même processus. D’autre part, la virtualité de l’élément chasse par exemple est liée à son caractère substituable à la cueillette. La chasse est donc bien une activité virtuelle, contrefactuelle (quand la cueillette se produit), mais elle est substituable et, si l’on est capable de l’affirmer, c’est qu’elle s’est montrée à nous effectivement et que sa mise en service si l’on peut dire, subvient aussi aux besoins alimentaires de la tribu. Un existant est virtuel par son rapport à son actualité, dans la thèse de la substituabilité des activités sociales de Livet et Nef, s’il remplit les mêmes conditions fonctionnelles que l’autre activité du couple.

Un engagement présente ces deux phases de l’actuel et du virtuel. Et plus on explicite l’engagement, plus la virtualité gagne du terrain : si le besoin de s’engager se ressent explicitement et fortement, c’est que la part de virtuel se fait sentir aussi par rapport à l’actuel. C’est ainsi que Livet et Nef poursuivent leur démonstration de la réalité sociale en introduisant la notion de vague dans les interactions entre acteurs sociaux.

Livet et Nef se demandent en effet comment l’on peut être assuré que l’autre ne rende pas la faux hors service ? Autrement dit, « comment pouvons-nous nous fonder sur des promesses, sur des routines sociales ? » (p. 182) Il y a ici impossibilité de contrôler directement les activités des personnes, que l’on peut d’ailleurs ne pas connaître, impossibilité par laquelle adviennent d’ailleurs les instances symboliques de notre monde. Cette impossibilité de contrôler directement pour l’un et l’autre des participants de l’interaction son interlocuteur (ce qui est propre, selon les deux auteurs, à la société, dès que l’on sort du face-à-face) se traduit pour Livet et Nef par l’insubstituabilité d’une interaction. Par exemple, il se produit ce phénomène inverse de la substituabilité quand deux commerçants ne peuvent pas échanger directement leur marchandise, et que le vendeur fait donc appel à un convoyeur. Si l’acheteur donne à ce dernier un nombre de figurines d’argile inférieur au nombre de marchandises qu’a envoyé le vendeur, celui-ci sait que le convoyeur s’est servi. Ainsi, alors que la marge entre ce à quoi nous avons accès directement et ce à quoi nous n’avons pas accès directement se fait sentir, il convient de mettre en place une substituabilité. Ces figurines ne se substituent pas elles-mêmes aux marchandises, mais font partie de la substituabilité à la première substituabilité « échange direct/échange incontrôlé », qui revient à être une impossibilité de substituer. C’est ainsi que Livet et Nef expliquent l’apparition des symboles : ces figurines en sont. Souvenons-nous, quand rien n’est moins sûr que se réalise la substituabilité d’une activité, en d’autres termes, quand rien n’est moins sûr que la part de virtuel s’actualise, les médiations se multiplient. Quand rien n’est moins sûr que se présente quelque chose, l’on déploie des formes de représentation, et des efforts d’explicitation.

Quoiqu’il en soit, il faut concevoir une marge de tolérance témoignant du fait qu’il demeure une incertitude quant à l’éventualité que l’autre réponde justement à notre action commune. Si celui à qui j’emprunte la faux accepte que ce ne soit pas le même manche, que j’ai dû remplacer après l’avoir cassé, il effectue selon Livet et Nef une mise en suspension. Plus précisément, s’il tient compte du fait qu’il n’en tient pas compte, c’est une simple mise en suspension (l’engagement est tenu mais sans garantie sur l’avenir). S’il ne tient pas compte qu’il n’en tient pas compte, c’est une double mise en suspension (qui promet de futurs engagements). Ce qui est mis entre parenthèses ici constitue les révisions qui découlent des interactions sociales, des engagements, en tant qu’ils sont des processus, des boucles de trajets virtuels et actuels. La mise en suspension « neutralise » les heurts résultant d’une défaillance d’un engagement dont la part de contrôle direct des participants est minime. En rendant immédiatement effectif ce qui n’est présent qu’indirectement, elle permet la fluidité des activités sociales alors que la part de contrôle mutuel de leurs instigateurs s’amenuise. Une mise en suspension fait l’impasse sur les niveaux de complexification des interactions, et rend plus direct, plus saisissable quelque chose qui ne l’est en réalité pas, mais qui est plutôt un circuit complexe de trajets. Les révisions sont ainsi des réorientations, des bifurcations dans les interactions, requalifiant enfin ces interactions. En combinant les opérations de révision, de simple et de double mise en suspension avec les bouclages associant les processus actuels et virtuels, on obtient la vie sociale, déclarent Livet et Nef (p. 184). En effet, si l’on déborde de l’interaction de face-à-face, le fait de ne plus avoir d’accès direct aux activités des autres devient courant. La marge de tolérance s’agrandit car il est impossible que chacun puisse entrer dans un échange direct avec chaque autre. Le réseau social est trop vaste pour que chacun contrôle chaque autre. Ainsi, pour Livet et Nef, on ne se représente pas le social par des règles mais par des schèmes (p. 224), qui sont en fait des mises en suspension généralisées, qui mettent en suspens tout le réseau : ils prennent alors l’exemple du chevron Citroën qui est un symbole quand il renvoie à des automobiles d’un type donné, et qui est un schème quand il renvoie à l’entreprise Citroën. En effet, toutes les coordinations qui structurent le réseau sont mises en suspens ici.

Dans ce cadre, les faits sociaux sont ce qui résulte des activités qui assurent le maintien de réseaux d’interactions, qui assurent ces coordinations. Par conséquent, ils sont pris dans les substituabilités, les révisions, les mises en suspension et sont en effet beaucoup plus proches de la qualité des activités que de règles de conduite. Livet et Nef écrivent qu’un fait social renvoie à un cadre social et donc aux pratiques qui s’y produisent. Quand l’enfant passe du cadre familial (les parents) au cadre scolaire (la crèche), s’opèrent les révisions, les mises en suspension nécessaires à ce que tout se passe bien — normalement… — dans ce cadre-ci ou dans ce cadre-là. Dans le cadre scolaire, l’enfant entre en interaction avec autrui : évaluant les effets que cela produit, il va mettre en suspension des sens et des repères acquis précédemment (se référant au cadre familial) et réviser ses pratiques. On reconnaît ici la normativité du social, qu’admettent d’ailleurs les deux auteurs, et qu’ils traduisent par la soumission de nos activités à révision, révision-échec, ou révision-succès (selon l’effet qu’elles ont eu) de l’engagement tenu ou à peu près tenu, qui assure en tout cas que la boucle se ferme. Livet et Nef nous apprennent donc la normativité de l’action sociale, appropriée, valide, mais aussi mise en suspens, parce qu’incompatible avec les activités propres au cadre. Et revue et corrigée. Ceci est un autre point de la démonstration des auteurs : des révisions découlent des requalifications, car c’est en voyant quelles révisions peut subir une activité que la qualification d’une pratique s’opère [2]. C’est d’ailleurs un fait important de la constitution d’organisations sociales (pp. 302-303). Le schéma de l’activité de culture présente d’abord le couple d’activités « récolter-consommer/stocker », sachant que le deuxième terme de ce couple est aussi un couple d’activités substituables. L’activité de récolte sera différente si l’on veut consommer ou si l’on veut stocker. De même le stockage ne sera pas le même si c’est en vue de la vente de la récolte ou d’une consommation personnelle. Il y a donc rétroaction des activités. Ces schémas résument les procédés qu’ont expliqués Livet et Nef jusqu’à alors, ou peuvent en tout cas les provoquer : les activités sont substituables, les engagements sont palpables (c’est-à-dire que l’on peut sentir comment s’orientent les activités, dans quel sens elles vont être organisées ; ce sens, cette orientation sont plus ou moins explicités selon les niveaux d’engagement énumérés ci-dessus), et les bouclages aussi sont tangibles, ou les ouvertures prêtant à révision, à requalification, etc. Surtout, la récursivité du social entre en jeu : l’activité de base, ici la récolte, couplée avec la substituabilité « consommer-échanger », est rétroactivement modifiée par cette intégration dans un nouveau processus.

Alors que le titre du livre de Livet et Nef peut évoquer d’abord la question des êtres institutionnels, il s’avère très rapidement qu’il ne s’agit pas de cela, mais bien plutôt des êtres humains dans leur réalité sociale. Livet et Nef terminent leur ouvrage sur les collectifs, sans distinguer l’être collectif de l’être ensemble. « Le point de vue de groupe », selon eux, se constitue par l’existence d’un réseau d’interactions substituables, c’est-à-dire parce qu’existent les procédés de l’articulation des processus actuels et des structures de trajets virtuels [3] : on l’a vu, la potentialité prend de la place à mesure que le champ des interactions s’agrandit et devient plus vague. Celui-ci, dès lors, est destiné à être compris en termes de structures virtuelles. La société émane également de la mise en suspension des variations de processus par rapport aux structures et de la requalification qui en résulte (p. 323) : les engagements contractés confortent un ordre des choses, duquel cependant s’écartent nos échanges concrets. La société est donc réductible à ce « point de vue de groupe » et s’analyse en termes d’actions interindividuelles. On pourrait regretter que les auteurs s’en tiennent à cela, sans considérer que l’on puisse décrypter ces activités sociales comme la trace d’un être social ayant des modalités de présence spécifiques. On saluera cependant l’introduction de la virtualité du social et la reconsidération du vague de nos pratiques, « la mise en suspens du contrôle de détail » (p. 325), et cela dans le contexte de l’anonymat des acteurs sociaux, propre aux collectifs, plus encore, propre aux réseaux sociaux, véritables objets d’étude de Livet et Nef dans cet ouvrage. Ceux-ci concluent sur leur hypothèse de l’acteur collectif, qui semble demeurer au stade de l’hypothèse et ne fait pas l’objet d’une analyse approfondie : ils conçoivent un acteur collectif, comme l’université, quand celui-ci témoigne d’une structure stable, quand, par exemple, les activités d’enseignement, de recherche et d’administration sont suffisamment fixes pour être rassemblées sous un même acteur collectif. Mais qu’est-ce que la stabilité d’une structure quand on parle de vague social comme d’un élément constitutif ? Enfin, quand ils introduisent les émotions collectives, ce ne sont ni celles d’un individu collectif, ni celles d’une mobilisation, il s’agit en fait des sentiments proprement sociaux : la reconnaissance et le ressentiment, articulée par la confiance qui, rappelons-le, est un thème favori de l’ethnométhodologie. Ceci démontre la difficulté de traiter d’êtres sociaux autres qu’humains. Alors la voie très vite refermée ici des modes de présence des objets non existants possibles, abstraits, intermittents, indéterminés ou vagues, impossibles, paradoxaux (cf. la classification des objets, pp. 68 et 72) est à rouvrir et, sans nul doute, empiriquement.

Pierre Livet et Frédéric Nef, Les êtres sociaux. Processus et virtualité, Paris, Hermann, 2009.

Résumé

Les deux philosophes Pierre Livet et Frédéric Nef, le premier proche et familier de la sociologie pragmatique, le second célèbre pour son œuvre de métaphysicien, élaborent dans cet ouvrage une ontologie de la réalité sociale, qu’ils présentent sous l’intitulé d’une « ontologie des processus ». La nature de la réalité sociale, la question de son ...

Bibliographie

Philip Pettit, Penser en société. Essais de métaphysique sociale et de méthodologie, Paris, Puf, 2004.

Notes

[1] Livet et Nef définissent les processus comme des transformations d’un aspect à l’autre (p. 7).

[2] Le processus de qualification est défini par Livet et Nef comme l’accomplissement d’une attente (d’une virtualité) par un processus actuel autre que celui du début : la qualification n’est pas l’actualisation de l’aspect virtuel d’un processus, elle est l’actualisation d’un aspect virtuel d’un processus par l’aspect actuel d’un autre processus.

[3] Cf. le carré ontologique de Livet et Nef (pp. 274-276). Une structure, des trajets virtuels, un processus actuel et des composants : ces quatre termes sont ceux que l’on retrouve dans tout mode d’être des formes sociales. À la base, il y a un processus qui contient toujours une part de virtuel et toujours une part d’actuel : une forme sociale se caractérise par une sorte de potentialité à s’actualiser, une mise en réserve à l’état virtuel qui tend à l’actualisation, à la mise en marche, ce qui lui donne une qualité qui se concrétise. La structure d’une forme sociale se constitue par ces couplages de processus (qui sont eux-mêmes des enchaînements), qui donnent des qualités actuelles (qui qualifient et actualisent, comme le formulent Livet et Nef, p. 270), des propriétés, des éléments-composants.

Auteurs

Nina Schmidt

Nina Schmidt est doctorante en sociologie à l’Ehess à Paris. Sa thèse, codirigée par Elisabeth Claverie et Albert Piette, porte sur les modalités de l’existence située des êtres collectifs. Elle a déjà publié un article intitulé « Fondements théoriques à l’existence des êtres collectifs » in Revue Horizon sociologique, no2, juin 2009.

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