Les outils, les matériaux du chantier et l’habilité manuelle de l’ouvrier permettent à l’artiste allemand Karsten Födinger d’imaginer un genre de sculpture né de la même passion pour l’art de construire qui avait déjà engendré, depuis les années soixante, une transformation radicale des processus créatifs de l’art.
Födinger aborde en tant qu’artiste les concepts de résistance des matériaux et de statique des structures, afin de créer des dispositifs permettant de mesurer le temps, d’enregistrer l’intensité de l’énergie et de contraster la précarité de chaque genre d’équilibre. La gravité est la force invisible qui conduit à s’écraser au sol les matériaux et qui génère la forme de ses sculptures ; elle traverse ses œuvres en forme de plinthes, de colonnes et de coins en béton armé, acier ou bois, lesquelles, afin de pouvoir lui résister, se rassemblent en des figures aux lignes puissantes, à fin d’annoncer l’urgente nécessité de résister à une catastrophe imminente. Les questionnements de Födinger sur la statique doivent être mise en relation avec la découverte de la fragilité de la structure qui contient toutes celles érigées par l’homme : la Terre. Ses sculptures expriment, à la fois avec puissance, discrétion et désenchantement, le début d’une fin accélérée par l’exploitation incontrôlée des ressources d’une terre qui rentre dans le catalogue de ses matériaux après avoir expérimenté le plâtre, le béton et le bois.Chacune de ses réflexions sur la statique, sur l’équilibre et sur la nature même des matériaux cherche à identifier les fondements de la sculpture afin de redécouvrir la fatigue physique du démoulage manuel d’une coulée de béton, de l’assemblage des membres d’un chevalet, du compactage de la terre à piser dans des banches, ou de l’extraction de matière à coups de marteaux. Sous des apparences d’essais de laboratoire scientifique et d’installations de chantiers, les œuvres de Födinger cachent toujours une quintessence hellénique de nature universelle.
Une exposition produite par ARCHIZOOM et le LTH3 (Laboratoire de théorie de l’architecture et d’histoire, Institut d’architecture de l’EPFL)
Commissaires
Roberto Gargiani et Anna Rosellini