Babel : chance ou malédiction ? On a longtemps envisagé la diversité des langues non comme une richesse, mais bien comme une malédiction lancée par Dieu pour punir la vanité des hommes. De ce brouhaha babélique ne pouvait naître que l’incompréhension, le rejet et la haine. La seule passerelle apte à réunir peuples et civilisations séparés par leur idiome a donc pour nom traduction. Cet acte de « faire passer » nécessite de circuler entre des cultures et des modes de pensée parfois très différents. Entre respect des textes et «belles infidèles», la ques- tion n’est toujours pas réglée, surtout en une époque où le traducteur humain est désormais concurrencé par la machine…
L’exposition, qui regroupera une centaine d’objets issus des collections de la Bodmeriana, mais également d’institutions prêteuses prestigieuses, abordera plusieurs thèmes : le retour aux origines de la traduction envisagée principalement à travers les berceaux de l’écriture ; la cir- culation des langues, ou comment l’Occident retrouva l’héritage culturel grec sauvé par les traducteurs arabes ; la manière dont certaines œuvres littéraires ont été « ingérées » par d’autres cultures ; la traduction des grandes religions et spiritualités ; mais aussi l’acte créateur d’un Dante ou d’un Shakespeare dans l’émergence des langues modernes.
Pour finir, une part importante de l’exposition sera consacrée au « cas » suisse, pays situé au carrefour de l’Europe géographique, qui a fait du plurilinguisme une part essentielle de son identité. Ainsi pourra-t-on découvrir certains trésors nationaux tels que la Bible de Zurich, la chanson de l’Escalade (Cé qu’è lainô) en arpitan, le Ranz des vaches en dialecte fribourgeois, Boccace en dialecte de Bellinzona ou Tintin en romanche.
Par son intitulé de Routes de la traduction | Babel à Genève, l’exposition est une invitation au voyage et à la rencontre de nombreuses civilisations et d’êtres humains, sur des points de contact et d’échange : les livres.
Pour plus d’information: www.fondationbodmer.ch